Histoires de Dollz
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Histoires de Dollz

Ici sont regroupées les histoires que j'écris sur OMD et d'autres qui me viennent en tête.
 
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 Histoire en 4 points de vue

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Gothikadoll
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Gothikadoll


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Date d'inscription : 07/02/2014
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MessageSujet: Histoire en 4 points de vue   Histoire en 4 points de vue Icon_minitimeVen 25 Oct - 15:30

Concept d'histoires imbriquées pour le concours de Girlpower
Exclamation Les 4 histoires peuvent être lues dans le désordre, mais il est préférable de les lire dans l'ordre d'écriture. Exclamation



Histoire en 4 points de vue Simple

Bonjour à toi qui lis ce journal. Tu as sans doute entendu parler de moi d'une manière ou d'une autre, ou de ma sœur. Mais je tenais à mettre quelques éléments de mon passé au clair.
Ma sœur et moi.... je ne vais pas mentir, on se déteste. Mais des deux, malgré ce qu'elle pourrait te dire, je ne suis pas la pire. Je sais que son travail était de protéger ces deux petits Urseals, mais de toi à moi, la façon dont elle s'y prenait était plus que répréhensible, pour ne pas dire malsaine. Si de mon côté je ne souhaitais que les laisser vivre leur vie et les protéger comme je pouvais en les guidant de loin tout en débarrassant le monde des âmes et des monstres qui pourraient leur faire du mal, elle.... encore une fois je ne vais pas le cacher, elle les manipulait complètement.
Au départ, ce n'était que Pizou, mais les choses ont changé brusquement au détour d'un croisement que je n'avais pas vu venir. Je soupçonne ma sœur d'y être pour quelque chose, mais autant que je commence par le début.

Nous avons été créées, Gabriëlla et moi, par une entité dont nous ne savons rien. Tout ce que nous savions c'est que nous devions veiller sur les créatures de ce monde. De ce fait, chaque vie nouvelle dans ce monde était potentiellement une mission pour nous. Mais à la « naissance » de Gabriëlla, j'ai commencé à me dire que protéger les créatures une par une n'était pas la meilleure des solutions. Petit à petit, je me suis détachée de ma mission individuelle, pour me consacrée à un autre moyen de protéger, un moyen qui me permettrait de protéger plus de créatures en un même temps. Cette décision m'a fait perdre mes ailes et a teinté mon pelage de noir, tout ce qu'il reste de moi prouvant mon ancienne fonction son les étoiles que j'ai sur la joue gauche et sur la hanche droite, même si je cache ces dernières sous une longue robe brune. Je n'ai jamais trop su si c'était pour me punir ou pour me libérer, mais Gaby a vu ces changements d'un très mauvais œil, et c'est de là que je suis devenue à ses yeux une menace. Pourtant, nous avions peu ou prou le même travail, les différences étaient juste dans le nombre de créatures protégées et le fait que je choisissais moi-même mes missions. Contrairement à elle, j'agis directement sur le monde là où elle n'est présente que pour donner des conseils à son protégé. J'ai fait pareil pendant dix ans sans me poser de question, puis pendant vingt en ayant quelques remords, puis vingt autres en me posant sérieusement des questions. Au final, nous avons fait le même travail pendant cinquante ans, à ne veiller et à ne donner conseil qu'à une créature à la fois, au béni qui recevait notre protection, mais ce n'était pas suffisant pour moi, pire, depuis que j'ai vraiment ouvert les yeux il y a près de deux siècles, je vois les problèmes que ça engendre. Ne guider –  de façon directe ou indirecte – qu'une seule créature « bénie » provoque parfois la jalousie d'autres qui n'ont pas de gardien, ou le sentiment de supériorité chez le « veinard » qui a un ange pour veiller sur lui, et l'un comme l'autre peuvent mener à des catastrophes. Une mort prématurée ne nous était pas tant reprochée si c'était notre protégé qui se l'était attiré en ne suivant pas nos conseils, et ça n'avait jamais posé problème à Gabriëlla, comment le lui reprocher ? Ça ne m'avait pas posé problème durant cinq ans. Mais au lieu de se libérer de ces règles que je considère idiotes, Gabriëlla s'est pour ainsi dire noyée dedans.
Maintenant que ceci est posé, il est temps que je saute ce lointain passé pour sauter à deux siècles plus tard : la naissance de deux jumeaux Ursëals, Pizou et Youna. C'était il n'y a pas si longtemps, les jumeaux auraient tous deux fêté leur 3e anniversaire cette année sans cet incident. Mais ne grillons pas les étapes, l'incident, tu as dû en entendre parler, si j'écris ce journal c'est pour expliquer ce qu'il s'est réellement passé avant ça. Tout d'abord il faut savoir qu'en cas de jumeaux, les deux créatures sont sous la responsabilité du même gardien, et dans ce cas présent, le gardien n'était autre que ma sœur. Pour ma part, j'étais dans la contrée de Renarhim quand les deux petits sont nés à Aquahana, mais pour une raison obscure, j'ai senti cette naissance, ou plutôt j'ai senti l'ombre de ma sœur planer à nouveau sur le monde de Gothicat. Oui, j'ai bien dit l'ombre et non la lumière, étrange pour décrire un ange n'est-ce pas ? Tu peux rire en lisant ces lignes, profite en même, ça risque de ne pas durer. Comme je disais, voilà trois ans que ces petits sont venus au monde, un frère et une sœur au pelage blanc comme la neige et aux yeux bleus comme l'eau glacée d'une banquise. Les deux devaient être adorables, je n'en sais trop rien j'étais trop occupée à l'époque pour vraiment aller voir cette naissance dans une contrée à l'autre bout de celle où j'étais. Et puis, je n'étais pas à Renarhim pour rien non plus, cette région est « un nid à créatures étranges », « une terre noire et maudite », « le berceau des difformités » ou encore « un cauchemar éveillé ». Ces diverses appellations sont bien cruelles, nombreux ont peur d'ici car ils jugent sur le physique, et il est vrai qu'un Lunaris à tête de citrouille ou qu'un Stoufix fait de tissu et de bourre ne sont pas une chose très rassurante à rencontrer, mais les habitants d'ici ne sont pas des monstres pour autant. Par contre, ils ont bel et bien des problèmes de monstres, ils les appellent « Ombres » mais ce sont en réalité de pauvres âmes perdues attirées par la tristesse de ces terres, ou le fait qu'il y fasse plus nuit qu'ailleurs, ou tout simplement parce qu'elle sont forcées de rester quelque part, trop accablées pour continuer leur chemin vers les dieux. Ces âmes peuvent venir de n'importe quelle créature à vrai dire, c'est juste que le jugement constant des autres à tendance à rendre plus probable la corruption d'une créature de Renarhim. Dans tous les cas, je travail surtout là bas, je « chasse » ces âmes corrompues, ces Ombres. Je n'aime pas le terme chasser, mais c'est au fond un peu vrai, je les cherche, je les traque, je les immobilise de ma chaîne et je les tranche de ma faux. Mais cette faux n'est pas pour les tuer, on ne tue pas une âme, elle me permet de couper le lien entre elles et ce plan terrestre, de les libérer pour qu'elles puissent rejoindre les dieux et enfin reprendre le cours de leur cycle, c'est une chose que les mortels ont du mal à comprendre. Tout ça pour dire que je n'ai commencé à m'intéresser à Pizou et Youna que deux ans après leur naissance, lors d'une mission à Aquahana.

Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont vu de moi cette nuit là, mais il était clair de Gabriëlla leur avait parlé de moi. Je ne dis pas ça parce que Pizou a pris Youna par la peau du cou pour la faire fuir avec lui, ça rien que ma faux aurait pu l'expliquer, mais Youna avait prononcé mon nom juste avant cela, et ça c'était impossible – à moins qu'on ne parle de moi dans les vieux contes d'Aquahana, mais j'en doute. Dans tous les cas, que la petite m'appelle par mon prénom attisa ma curiosité, plus encore que l'énergie de Gabriëlla qui flottait légèrement sur leur pelage. Je suis donc restée, intriguée par ces deux petits à la réaction à peine différente, je voulais savoir si Gabriëlla avait un peu changé dans sa façon de guider ses protégés aussi, ils semblaient vivre leur vie plutôt librement. Mais moi qui pensais qu'elle ne serait qu'une lueur à leur côté, je fus bien surprise en constatant qu'elle était bien plus tangible que ça. C'est cachée dans l'ombre de la douce nuit d'Aquahana que je pu voir la scène, ma sœur, assise royalement sur un piédestal, ses yeux bleu pâle posés sur les deux petits comme si elle voyait au travers d'eux, aucun parent à l'horizon, juste les deux Ursëals et leur gardienne dans cette grotte de glace bleue et blanche qu'elle avait dû creuser elle-même avec ses pouvoirs. Mais ce qui me faisait le plus peur, c'était que si Youna racontait notre brève rencontre avec l'enthousiasme de l'enfant qu'elle était, Pizou lui donnait l'impression de donner un rapport de mission. Il était assis droit, calme, posé et fier de rapporter à ma sœur qu'il n'avait pas laissé la sienne m'approcher. Ce n'était pas normal, à cet âge il aurait dû être plus enclin à l'aventure, à la curiosité, à dépasser les limites, comme sa sœur qui sautillait presque sur place en me décrivant. Mais non, il n'avait pas la froideur d'un soldat, mais il en avait la discipline et cela me fit froid dans le dos. À la fin du rapport, Gabriëlla descendit de son assise, toujours aussi royale dans sa posture, et elle posa une patte approbatrice sur la tête de Pizou tout en foudroyant Youna du regard

♠ Tu devrais faire plus attention. Ce n'est pas la première fois que je te le dis, ton frère va finir par avoir des ennuis si tu t'obstines dans cette curiosité, lui avait-elle dit froidement

La pauvre Youna avait baissé la tête à la vitesse de la lumière, s'excusant d'une voix tellement basse que j'avais dû tendre l'oreille pour ne serait-ce que distinguer ce qu'elle disait. C'est avec un demi sourire satisfait que ma sœur avait enchaîné

♠ Ce n'est pas grave, vous n'avez rien, c'est le principal. Mais n'oubliez pas, cette.... traîtresse, est dangereuse. Et armée.

♣ Tu penses que nous pourrons un jour lui faire face ? Mettre fin à ses tueries ?, avait coupé Pizou

Mon esprit cessa de fonctionner un instant. Tueries ? De quoi parlait-il ? Qu'est-ce que ma sœur avait raconté à mon sujet à ces deux Ursëals ? Le regard de Gabriëlla fut trop pour moi, elle avait dans les yeux cette fierté mauvaise, malsaine, obscure. Le genre de fierté qu'on peut voir dans le regard d'un prédateur devant la première capture de son enfant. Ce n'était pas le regard d'un protecteur, c'était le regard d'un formateur, mais pas le genre de formation qu'un Ange devrait dispenser.

Tu dois te dire à ce moment là que je n'avais de toute façon rien à craindre. Comment ces deux petits pourraient-ils bien devenir des traqueurs ? MES traqueurs ? Et bien sache que tu n'as pas tord, mais que ça ne veut pas pour autant dire que tu as raison. Certes, ils n'auraient jamais pu me tuer, tout comme Gabriëlla les créatures mortelles ne peuvent pas me tuer, mais ce n'était pas ce que je craignais. Elle pouvait faire d'eux des traqueurs, des détracteurs, des prédicateurs. C'était ça que je craignais, que dans son désir de je ne savais quoi, elle mène ces deux petits à la suivre aveuglément jusqu'à leur perte.

J'ai donc décidé de rester, de terminer ma mission ici mais de garder un œil sur ces jeunes, discrètement. Je ne devais pas me faire voir par Gabriëlla, elle pouvait me tuer et je ne doutait pas qu'elle n'hésiterait pas là où j'aurais de la retenue. Les jours passaient sans que je ne sois vraiment choquée comme lors de ma découverte, contrairement à ce que je craignais, Gaby ne semblait pas intéressée par un job de formatrice militaire, ou peut-être les considérait-elle encore trop jeunes pour leur apprendre à se battre. Mais j'étais rassurée par le manque de violence dont les deux Ursëals faisaient preuve dans leurs actions. De loin je les observais cependant, voyant que la sœur était curieuse de tout mais qu'elle se retenait devant Gabriëlla, comme si elle craignait que ses questionnements ne lui attirent la colère de l'ange. Pizou lui m'inquiétait un peu plus, il semblait toujours au garde à vous devant ma sœur, et cette dernière le récompensait systématiquement quand il obéissait. Elle n'utilisait pas le bâton, mais la carotte, le renforcement positif est toujours plus efficace, c'est le B.A.BA même de ce que nous devons savoir en tant que gardien. Mais à ce niveau là s'en était presque de lavage de cerveau. Un beau jour, j'avais eu le malheur de laisser une trace de mon passage, et ma sœur en eu vent plus rapidement que je ne l'aurai imaginé. Il lui faisait chaque soir un rapport de la journée, et chaque soir elle leur rappelait que si j'étais encore dans le coin, ils se devaient de l'avertir au plus vite, chose qu'il faisait bien volontiers.

Comment est-ce que je sais ça me diras-tu ? C'est grâce à Youna. Comme je le disais, la petite était bien plus curieuse, et de ce fait elle était aussi plus encline à m'approcher, à discuter, à apprendre de moi. Elle taisait ces rencontres évidemment, Gabriëlla ne lui aurai jamais pardonné qu'elle vienne me voir et elle le savait. Elle était douce, aimable, intelligente, et incroyablement intéressée par tout ce monde qui l'entourait. Au fil des jour, Youna était de plus en plus alerte à propos de Gabriëlla et de Pizou, de plus en plus méfiante envers l'ange et inquiète envers son frère. Nos rencontres se faisaient plus longues, et je fini par devenir sa gardienne non officielle, sa conseillère pourrait-on dire. Je lui donnais des coins intéressants pour trouver de la nourriture, des idées pour essayer de susciter l'intérêt de Pizou sans éveiller la méfiance de Gaby, des cachettes où mettre les jolis cailloux et autres « trésors » que ma sœur pourrait lui interdire, et aussi accessoirement où en trouver d'autres. Je lui apprenais aussi à quoi pouvaient servir ces « trésors » qui n'étaient pas tout le temps de simples cailloux ou de jolies feuilles. Elle trouvait parfois des cristaux, des plantes en tous genres et même une fois une dent de lait de Flamiris. Au bout d'un moment, elle eut dans ses cachettes de quoi faire toutes les potions connues ou presque. Je crois que Pizou était au courant pour certaines de ces cachettes, je ne saurais dire si c'est vrai cependant, Gabriëlla l'avait tellement sous sa coupe que je ne doute pas qu'elle aurait sévèrement réprimandé Yuna pour ça. Ou alors elle la surveillait pour remonter à moi.

Un beau jour la petite est venue me voir avec une certaine angoisse dans le regard cependant, le problème n'était pas Gabriëlla de ce qu'elle disait, mais j'en doutait quelque peu. Son frère avait mis à sac certaines de ses cachettes, rien n'avait été retiré mais tout avait été mis sans dessus dessous

♠ Tu lui en as parlé ? Lui avais-je demandé

Elle m'a répondu que oui, mais qu'il lui avait juste rétorqué que ce qu'elle faisait pouvait être dangereux, il ne lui avait pas parlé de moi, il n'avait pas dit qu'il cherchait quelque chose, mais il lui avait ordonné d'arrêter d'agir dans son dos et de partir en cachette

♥ Je ne sais plus quoi faire, m'avait-elle dit les larmes aux yeux. Si je continue Gabriëlla va finir par se rendre compte que je viens te voir, que tu m'apprends des choses. Et elle va me séparer de Pizou. Et je veux pas être séparée de Pizou, j'aime Pizou, c'est mon frère !

En toute sincérité, je ne savais pas quoi lui répondre, elle commençait à avoir peur de ma sœur, et ne voulait pas abandonner son frère. Et clairement moi non plus, je ne voulais pas abandonner Pizou à ce démon qu'était cet ange. Mais cela voulait dire que je devais l'encourager à retourner avec lui, auprès de Gabriëlla. Cette pensée me tiraillait, mais je lui promis de rester dans le coin, non loin d'elle au cas où elle aurait besoin de moi, ou au cas où son frère aurait besoin de moi. Et c'est sans doute là le nœud du problème.

Youna a fait ce que je lui avait conseillé de faire, elle me guettait parfois dans la nuit pour un peu de réconfort après une journée de dur enseignement d'intolérance envers certaines races de ce monde ou ma personne, ou une histoire « vécue » que Gabriëlla leur avait raconté à propos des Ombres. Je la rassurais comme je pouvais, lui répétant qu'elle n'avait rien à craindre des créatures que ma sœur leur décrivait, que c'était mon travail que de m'occuper de ces âmes perdues, et ces Ombres n'étaient à mes yeux pas réellement des menaces pour les mortels de ce monde. Seulement voilà, j'ai eu tord quelque part. Je ne sais toujours pas à ce jour si c'est quand j'ai dit à Youna que les Ombres n'étaient pas dangereuses en elles-même, où quand je lui ai promis que je serais toujours là pour elle et son frère, ou même quand j'ai cru que je pourrais me mêler de sa vie sans que ma sœur ne puisse rien y faire. Mais quelque part, je me suis fourvoyée lourdement. Et cela a découlé sur ce que tu sais sans doute déjà mon brave lecteur. C'est Pizou qui en a payé le prix. Un jeune Ursëal de 2 petites années, passant de vie à trépas, du blanc pur au noir et rouge profond, en sauvant sa sœur des crocs d'une Ombre devenue agressive, vengeresse. Une Ombre que je n'avais pas vue venir, une créature que ma sœur a banni en arrivant tout juste trop tard pour sauver Pizou. Où étais-je me diras-tu ? Au fond d'un gouffre, seule à essayer de remonter à l'aide de mon équipement après que cette Ombre ait manqué de m'arracher la queue. Je l'avais pourtant déjà croisée sur ces terres, errante sans prendre conscience du monde qui l'entourait, inapte à faire le moindre mal. Accuser ma sœur est une chose facile, je le sais bien, mais je n'accuse pas sans preuve, ou du moins sans informations. La preuve je la cherche encore, mais j'ai un témoignage, et un de taille aussi brumeux ses souvenirs puissent être. Tu te souviens quand je parlais de noir et rouge profond ? Je parlais en réalité de cette fumée qui m'accompagne depuis ce jour. Les Ombres n'ont pas toujours de consistance, et elles peuvent mettre des années à prendre une forme précise, tu l'auras compris, cette fumée c'est l'âme de Pizou qui m'accompagne depuis sa mort. Pizou qui était au mauvais endroit au bon moment. La vraie cible de l'Ombre était Youna, mais les choses ont pris une tournure qui a bien arrangé Gabriëlla. Le frère l'avait suivit, par hâte de lui faire part du nouveau départ de Youna pendant la nuit, et il avait assisté à quelque chose qu'il ne sait toujours pas décrire autrement que « l'Ombre est devenue folle en entendant Gabriëlla ». Il avait réussi à sauver sa sœur, avait perdu foi en celle qui se disait sa guide et sa protectrice, mais de fait il avait perdu la vie, et Youna sa foi en moi. Gabriëlla a perdu une marionnette ce jour là, mais elle a gagné une fervente croyante, et moi j'ai gagné la haine de cette croyante et l'âme de son frère comme compagnon.

Donc si jamais un jour tu croises cette petite Urseal après avoir lu ce journal, ne lui parle pas de moi, ne lui dit pas ce que tu sais. Tu ne ferais que attiser sa haine et je ne veux pas qu'elle en souffre plus. Et si tu me croises moi, au moins tu sauras la vérité et tu ne me fuiras pas en me nommant maudite. Tout ce que j'espère maintenant, c'est que la paix revienne un jour et que ces deux âmes perdues par ma sœur puisse retrouver le chemin de la véritable lumière.
Cassiopée


Dernière édition par Gothikadoll le Ven 25 Oct - 15:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Histoire en 4 points de vue   Histoire en 4 points de vue Icon_minitimeVen 25 Oct - 15:44

Histoire en 4 points de vue Simple

Tout commence par une naissance, une création, le début d'une existence. Et moi, Gabriëlla, comme toute autre vie j'ai commencé également par cette naissance, et comme toute autre vie je n'étais pas seule à ma naissance. Je suis un ange, une gardienne, née il y a de ça plus de deux siècles. Et à ma naissance j'avais de nombreux pairs déjà, mais une m'était particulièrement proche. Une sœur nommée Cassiopée, une sœur que j'admirais, puis qui m'a déçue et que désormais je vois comme ce qu'elle est : une dangereuse créature. La famille est quelque chose d'important, les règles que nous posent nos parents sont des instruments primordiaux pour vivre, et elle a trahi tout ceci.

C'est de cette façon que j'ai commencé à répondre aux questionnements de Pizou et Youna, mes deux petits protégés que je n'ai pris directement sous mon aile qu'après la mort de leurs parents. Je veillais dessus depuis leur naissance, c'est mon travail que de m'assurer que ces jumeaux vive une vie de vertu et de droiture. Une vie sans monstres, mais avec tout de même la conviction et le savoir nécessaire pour se sortir d'une situation délicate les impliquant. Car il n'y avait aucun doute à avoir là dessus, les monstres existaient. Les Ombres, ces âmes corrompues qui peuvent devenir dangereuses, les hérétiques de Renarhim, ma sœur.... tant de raisons de se méfier des habitants de ce monde.

La question de Youna qui avait suivi était pleine d'innocence, une innocence que je me devais de protéger et de rendre tranchante, comme la lame pure d'une épée qui trancherait l'impureté de ce monde

♥ C'est toi notre maman maintenant ?

Pizou semblait plus timide, mais il n'était pas perdu non plus. Lui aussi serait malléable, et leur duo d'Ursëals pourrait devenir inarrêtable. Les Ursëals sont des créatures puissantes, résistantes, moins agiles que les Lunaris ou les Minoushas, mais les Ursëal étaient les soldats de la nature. Mais ceux là étaient encore trop jeunes pour être formés au combat. Ils devaient apprendre, et ils ont appris. Durant une année entière je leur ai servi de guide directement, de parent pourrait-on dire. Je n'ai que peu d'amour à donner, l'amour est un sentiment traître, il ne doit être distribué qu'en de rares occasions, être mérité. Les deux petits grandissaient vite, et n'avaient d'yeux que pour moi, buvaient mes paroles. Je leur avait décrit les Ombres, et leur avait de fait parlé de ma traîtresse de sœur vaguement, sachant qu'elle était comme ces monstres à Renarhim. Mais une nuit j’eus la désagréable surprise d'attendre qu'il en était autrement. Assise dans la grotte de glace qui nous servait d'habitation, je vis revenir les deux jeunes à la hâte, Pizou traînant presque sa sœur avec lui avant de la lâcher et de s'asseoir devant moi. Les deux m'apprirent que Cassiopée était ici, à Aquahana, et il m'a été difficile de cacher ma rage face à cette nouvelle. Il était trop tôt pour qu'ils se rencontrent, preuve en était la réaction de Youna. J'étais fière de Pizou, il était déjà tellement proche de ce que j'attendais d'eux, mais elle.... elle était encore empaquetée dans cette innocence pleine de curiosité et ne semblait pas aussi perméable à mon enseignement. Elle décrivit ma sœur à la perfection cependant, m'obligeant à réprimer un frisson de haine face à l'idée qu'elle ait été assez proche dans la nuit pour la voir si bien. Mais Pizou me permit de garder mon sang froid, même si mon regard était glacial pour sa jumelle quand je descendis de mon assise pour le félicité d'un geste tendre

♠ Tu devrais faire plus attention. Ce n'est pas la première fois que je te le dis, ton frère va finir par avoir des ennuis si tu t'obstines dans cette curiosité, lui dis-je dit froidement

Youna avait baissé la tête à la vitesse de la lumière, s'excusant d'une voix basse qui m'avait fait sourire d'un air satisfait

♠ Ce n'est pas grave, vous n'avez rien, c'est le principal. Mais n'oubliez pas, cette.... traîtresse, est dangereuse. Et armée.

♣ Tu penses que nous pourrons un jour lui faire face ? Mettre fin à ses tueries ?, m'avait coupé Pizou

Un sentiment de fierté me traversa une nouvelle fois, Pizou était vraiment sur la bonne voie, il était déjà tellement loyal. Sans doute un peu pressé, mais plein d'ambition

♠ Un jour sans doute. Mais pas pour le moment, vous êtes bien trop jeunes et elle est bien trop habituée à tuer.

♥ Mais elle tue quoi exactement ? Avait demandé Youna

J'eus un léger soupir en entendant cette question, mais il était temps de leur dire l'histoire entière. Je les avais donc invités à s'asseoir avec moi plus au fond de cette grotte, ne prenant ainsi pas le risque que Cassiopée nous entende si elle avait décidé de les suivre, même si cette lâche n'oserait pas s'en prendre à moi. Une fois dans ce qui était leurs quartiers, Pizou s'était assis bien droit pour m'écouter à côté de sa sœur allongée

♠ Il est temps de tout vous raconter. J'espérais ne pas en arriver là, que vous ne la croisiez pas si vite dans votre précieuse vie. Mais je n'ai d'autre choix que d'accepter m'être trompée. Je vous ai déjà dit que Cassiopée était ma sœur, mon modèle quand je suis née. À cette époque elle était comme moi, avec des ailes d'un blanc éclatant, un pelage si pur qu'il en était éblouissant. Nous avons protégé bien des créatures avant vous, mais cela n'a pas duré pour elle. Près de dix ans après ma naissance, il y eut comme un changement chez elle, je ne sais pas ce qui lui a pris, mais elle commençait à regretter la guidance qu'elle donnait, puis à poser ouvertement des questions sur la mission qu'il nous avait été donné.

♣ Mais votre mission est de guider et protéger ! S'était exclamé Pizou. Comment a-t-elle pu mettre cette mission en doute ?

♠ Je ne sais pas Pizou. Tout ce que je sais c'est qu'elle en a payé le prix. Ses ailes se sont effritées, sa pureté a été remplacée par la couleur de la cendre et elle est condamnée à errer sur ce monde sans pouvoir revenir auprès des dieux. Tout ce que je sais, c'est qu'elle travail désormais auprès des Ombres, ces âmes maudites qui hantent la contrée toute aussi maudite de Renarhim.

♥ Pourquoi est-elle là alors ?

L'interrogation de Youna était valide, mais cela pouvait se tourner à mon avantage. Il n'y avait en théorie pas d'Ombres à Aquahana, en théorie, donc s'ils en voyaient ça ne ferait qu'alimenter la logique que les Ombres étaient intimement liées à Cassiopée. En toute sincérité, je ne sais pas exactement ce que sont ces créatures, juste que ma sœur a trahi notre créateur en abandonnant sa mission pour aller chasser ces choses. Je répondis avec un air vaguement triste que je ne pouvais répondre à cette dernière question, envoyant les jeunes se coucher pour la nuit. Je me devais de faire surveiller Youna, et de la rallier plus fortement à ma cause, faute de quoi elle irait voir Cassiopée et risquait de la rejoindre. Je ne pouvais pas prendre ce risque, cette traîtresse devait payer, pas se faire des alliés parmi mes ouailles.

Contrairement à ce que je craignais, Youna ne se fit pas si curieuse et pressée de satisfaire cette curiosité. Les jours passaient les uns après les autres sans qu'elle ne fasse de vague, du moins, pas de vague que je pouvais voir. Elle écoutait ce que je disais, sans doute pas avec la ferveur de son frère mais au moins elle ne posait pas de questions idiotes et ne semblait plus intéressée par Cassiopée comme la nuit de leur rencontre. Pizou lui était exemplaire comme à son habitude, et il apprenait vite. Une nuit, alors que sa sœur dormait, il était venu me voir en haut de mon point d'observation pour me demander si je pouvais lui apprendre à se servir d'une arme de défense, au cas où ils recroiseraient ma sœur

♠ Si vous la revoyez, fuyez. Vos pattes sont bien plus adaptées à la glace que les siennes et elle ne peut plus voler. Mais si elle vous attrape dans sa chaîne ou vous blesse de sa faux, s'en sera fini de vous. Vous n'êtes pas encore de taille à l'affronter, mais je peux commencer à t'apprendre. N'en dit rien à ta sœur cependant, Youna n'est pas encore prête pour cela, elle est encore trop naïve.

Pizou avait semblé être comblé par cette proposition, si bien qu'il eut du mal à parler pour accepter. Les émotions avaient cet effet parfois. Il était allé se coucher comme s'il était sur un petit nuage, et j'étais retournée à mon observation, cherchant l'ombre de Cassiopée dans les ténèbres de la nuit, craignant encore que sa présence ne teinte mes protégés de son encre morbide.

Au fil des jours suivant, Pizou commença son entraînement avec moi, et je sentis comme un changement léger en Youna, elle semblait plus sur ses gardes à mon égard, mais je me disais que c'était peut-être parce qu'elle se doutait qu'on lui cachait ces séances privées. Dans le doute, j'ai tout de même ordonné à Pizou de la surveiller d'un peu plus près, de lui parler un peu plus au cas où elle laisserait échapper quelque chose qu'elle me cachait. Je faisais comme si de rien était en sa présence, mais j'appris à Pizou à se faire discret pendant nos entraînements, qu'il puisse suivre sa sœur si elle partait dans mon dos, et pour éviter te tomber sur ma sœur directement si mes craintes profondes étaient fondées.

Le verdict tomba un beau jour, Pizou avait trouvé des cachettes que Youna entretenait. Il n'y avait rien de dangereux dans ces cachettes, des herbes, des roches, des dents trouvées par terre, mais chacun de ces ingrédients qu'il me rapportait me fit tisser un lien inévitable. Elle voyait cette chienne. Elle devait même apprendre d'elle. Malgré ma rage, j'avais décidé de prendre les choses avec subtilité mais fermeté, renforçant les apprentissages avec les deux petits, me calmant mentalement en me concentrant sur l'intérêt particulier que me portait Pizou. Je leur rappelait sans cesse que toutes les créatures de ce monde n'étaient pas touchées par la grâce de notre créateur, ou ce qu'était Cassiopée, une créature dangereuse comme l'étaient les Ombres, si ce n'était encore plus car elle était douée de parole et de manipulation. Mais cela ne semblait pas suffisant, et quand je surprit Youna guetter l'extérieur de la grotte une nuit, je sus qu'il était temps de régler les choses définitivement. J'attendis donc une nuit où la petite fouine avait décidé de fuguer à nouveau pour partir également. J'avais un but bien précis en tête. Cassiopée n'était pas là pour eux, si elle était là c'était qu'il y avait des Ombres à Aquahana. Il me suffisait d'en trouver une manipulable et de l'enrager, cela me permettrait de faire d'une pierre deux coups. Youna disparaîtrait, et je pourrais utiliser cette mort tragique pour renforcer mon enseignement à Pizou, diriger une envie de vengeance envers Cassiopée et enfin commencer sérieusement son entraînement pour faire de lui un assistant dans la disparition définitive de ce point noir de ma vie.

Trouver une Ombre ne fut pas compliqué, ces choses émettent une énergie particulière, et Cassiopée ne chasse apparemment pas les passives. Mais elle ne resta pas passive longtemps. Attirer son attention fut compliqué, mais une fois que je l'eus, je mis toute ma rancœur dans le discours que j'offrais à ce résidu de Tohilys. Cette chose ne devait pas comprendre pourquoi elle s'est mise soudainement à haïr cette petite chose qu'était Youna, mais ce n'était pas la question. Elle partit bien vite dans la direction que je lui avait indiquée, suivie de moi-même avançant d'un pas plus tranquille.

Ma tranquillité fut mise à mal quand je vis les petite trace dans la neige. On m'avait suivi. Était-ce Youna ? Ou Pizou ? Si c'était Pizou mon plan tomberait totalement à l'eau, je perdrait tout s'il savait que sa jumelle avait été tuée par ma faute. Mais par miracle les choses étaient bien faites. L'univers ne m'avait pas abandonné, au contraire, il m'avait aidé une nouvelle fois, renforçant l'idée que j'avais fait le bon choix. Je suis arrivée sur place dans un moment de chaos. Pizou était allongé inerte les yeux encore ouverts aux côtés d'une Youna en pleurs, Cassiopée absente même si son sang était présent sur place. Je me suis chargée de cette Ombre, cela m'a valu une belle rougeur sur le côté de la tête mais j'avais gagné. J'avais tout gagné. Cassiopée ne chercha même pas à regagner la confiance de Youna, elle m'appartenait. La petite la haïssait désormais, l'appelant menteuse ou meurtrière, elle avait « volé son frère » et « tenté de la tuer ». Je ne pouvais qu'appuyer cette conclusion, aussi fausse qu'elle puisse être, elle m'était nécessaire.

Youna prit rapidement la place de Pizou, suivant mon entraînement et mes enseignements comme jamais auparavant. Elle deviendra une grande guerrière, je n'ai aucun doute là dessus, et un jour elle m'aidera à enfin nettoyer ma vie de cette saleté qui la tache depuis tant d'années. La saleté en question est retournée à Renarhim, je n'ai aucun doute là dessus, mais je ferai le chemin pour elle le jour même où Youna sera prête. Et ce jour-là, elle ne pourra plus rien faire pour enrayer son destin.
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MessageSujet: Re: Histoire en 4 points de vue   Histoire en 4 points de vue Icon_minitimeVen 25 Oct - 15:45

Histoire en 4 points de vue Simple

Traîtresse. Gabriëlla avait raison depuis le début. Depuis le début elle m'avait prévenue. Depuis le début elle nous avait mis en garde. Et moi, stupide que j'avais été, je ne l'avais pas écoutée. Cette chienne a pris mon frère et a failli me faire tuer, tout ça après avoir osé me dire que je ne risquais rien, après avoir osé me faire croire que les Ombres n'étaient pas des créatures dangereuses mais des âmes perdues ! Non ! Ces choses doivent être tuées, purifiées, et elle.... elle doit être punie ! J'aurais dû écouter Gabriëlla comme le faisait mon frère. Mais j'ai un avantage sur lui cependant, je n'ai sans doute pas eu son entraînement physique, mais ma relation avec la démone m'a tout de même permis d'apprendre des choses.
Oui, je parle, je parle, mais encore faut-il revenir sur des points importants de mon passé, sur le pourquoi du comment j'ai fini par voir enfin la vérité, sur comment cette traîtresse m'a fourvoyée et comment mon frère en a payé le prix.

Mon frère, Pizou, et moi étions deux jeunes innocents que les Dieux de ce monde ont béni à la naissance. Cette bénédiction s'est manifestée par un ange gardien qui veillait sur nous. Cet ange, Gabriëlla, nous a pris en charge mon jumeau et moi à la mort de nos parents, mort que je soupçonne désormais être de même nature que celle de Pizou. Mon frère et moi avons vite appris à écouter Gabriëlla, elle était notre seule parent après ces événements tragiques, et nous n'avions qu'une petite année de vie. Pendant une année entière, notre vie n'était que glace et neige, nous avions établi notre maison au sein d'une grotte de glace protégée par Gabriëlla, elle nous avait enseigné bien des choses sur ce monde, sur sa dangerosité, sur l'importance de ce lien familial que nous partagions. Nous étions ses protégés, et personne ne pouvait venir nous voir sans passer auparavant par son inspection. Je ne comprenais pas pourquoi à l'époque et je posais souvent la question. J'étais curieuse, sans doute trop, je voulais voir le monde de mes propres yeux même si je ne mettais pas la parole de notre protectrice en doute. Quand Pizou allait faire ses tournées de reconnaissances dehors, je l'accompagnais, toujours, trop contente de voir le monde avec lui, même si lui était des plus sérieux lors de ces sorties. Mon frère écoutait Gabriëlla bien plus que moi à cette époque là, il prenait très à cœur cette histoire d'élu, de protégé, et il avait hâte d'être assez grand pour aider notre gardienne à protéger ce monde des monstres qui y habitaient. Mais il n'oubliait pas non plus qu'il devait veiller sur moi, moi la petite curieuse, et qu'on était encore bien trop jeunes du haut de nos deux années pour survivre à une potentielle attaque. De fait, il ne s'éloignait pas trop de notre refuge, prenant soin de s'arrêter près de moi quand je reniflais une plante ou que je m'extasiais sur un misérable caillou. Un beau jour, nous nous étions un peu plus éloignés du refuge, mon frère avait aperçu quelque chose au loin et je m'étais empressée d'aller voir ce que c'était. Il a eu le réflexe de m'attraper par la peau du cou quand il a compris à qui nous avions à faire, Cassiopée était là, non loin de nous, sa faux reflétant la lumière de la lune. Comme une idiote, j'avais été subjuguée par la beauté de sa robe, par la force qu'elle semblait dégager, et à cette époque je n'avais pas senti la noirceur qui existait en elle. Pizou m'avait empêchée de faire une bêtise cette nuit-là, mais il n'avait pas pu empêcher les suivantes.
Comme je le disais, j'étais curieuse à cette époque encore peu lointaine, et dès que je le pouvais, je sortais de notre refuge en prenant soin de ne pas me faire voir par notre ange gardien. Évidemment, je ne sortais pas pour le plaisir de sortir, non, idiote que j'étais j'allais directement voir cette Ombre déguisée en créature. J'apprenais auprès d'elle, je devais bien l'avouer, comment faire des potions comme cet hérétique qu'était Maléfix, comment reconnaître les différentes plantes, quelle écorce utiliser, à quoi pouvaient servir les dents de lait ou tel ou tel joyau. Oui, on peut dire qu'elle était un professeur dévoué. Mais elle prenait aussi grand soin de retourner tout l'enseignement de Gabriëlla, elle me répétait que les Ombres n'étaient pas des créatures maléfiques, que toutes les créatures de ce monde étaient égales aux yeux des dieux, que nous ayons ou non un ange pour veiller sur nous. Elle n'allait pas jusqu'à dire que mon frère et moi n'étions pas spéciaux, sans doute pour ne pas me brusquer, mais elle aimait dire que nous n'étions pas supérieurs, contrairement aux leçons de Gabriëlla. Elle ne voulait pas m'apprendre à me battre, chose que je ne souhaitais de toute façon pas, mais elle me répétait de me méfier de celle qu'elle osait encore appeler sa sœur. Ce discours là, je l'ai eu dans les deux sens, et comme la traîtresse était plus douce que ma gardienne, j'avais plus tendance à l'écouter. Gabriëlla en venait à me faire peur, sa froideur me paraissait être un masque qui cachait son indifférence, j'ai fini par la voir comme une menace. Et pire encore, la manipulatrice me poussait à essayer de convertir Pizou. Et j'ai essayé, je dois le confesser, j'ai tenté de lui faire voir ce que je croyais voir en elle et en Gabriëlla. À chaque sortie que je faisais désormais avec lui, je lui demandais s'il pensait qu'on pourrait faire un collier de telle plume, une couronne de telle fleur, si telle ou telle plante se mangeait. La réponse était la même à chaque fois

♣ On demandera à Gabriëlla.

Mais derrière cette réponse systématique, un soupçon grandissait en lui, il me surveillait autant que je gardais un œil sur lui, c'était normal, il était mon « grand » frère, et Gabriëlla à qui il rapportait les choses est notre gardienne. Un beau jour, il découvrit le pot aux roses, et comme une idiote je suis allée me réfugier en larmes auprès de cette mécréante. J'avais peur de Gabriëlla, peur qu'elle me sépare de Pizou, peur de ce que Pizou m'avait répondu quand j'avais tenté de le confronter à propos de mes cachettes. Il avait raison, ce que je faisais était dangereux, ou plutôt la créature avec qui je le faisait. Manipulée comme je l'étais, l'entre-voir dans la nuit m'apportait du réconfort, les jours avec Gabriëlla étaient de plus en plus durs, les enseignements toujours plus martelés, comme si elle voulait être certaine que ce qu'elle nous disait resterait bien ancré dans notre esprit. Mais ça n'a pas suffit pour moi, idiote que j'étais, petite créature curieuse qui était persuadée que notre sainte gardienne corrompait mon frère chaque nuit pendant mon sommeil. Il m'arrivait de fuguer pour retrouver celle qui aurait pu être ma fin, espérant trouver une personne à qui parler, une personne douce et chaleureuse contre qui me lover dans les nuits froides et dures. Et elle profitait bien de ma présence pour me berner, me répétant que je n'avais rien à craindre des autres créatures malgré ce que Gabriëlla pouvait décrire, que c'était aussi son travail de s'occuper de ces âmes perdues qu'étaient les Ombres, et ces choses n'étaient pas réellement des menaces pour les mortels comme moi, qu'elles n'étaient pas sur ce monde pour y faire le mal mais qu'elles attendaient seulement que quelqu'un leur montre le chemin pour rejoindre les dieux. Elle me berçait de ces histoires, me présentant le monde comme un lieu plein de vie et de lumière malgré la présence fines des ténèbres. J'aurais dû me douter de quelque chose quand elle m'avait dit un jour que la mort n'était pas quelque chose dont on devait avoir peur, que c'était un passage de notre vie actuelle vers notre vie future, comme la nuit nous permet de passer à l'aube du lendemain. Elle ne voulait juste pas que j'ai peur d'elle, elle qui représente la noirceur de cette mort, teintée de cette même couleur que les Ombres. Et en parlant des Ombres, ces « âmes perdues innocentes et inoffensives, j'ai eu l'occasion de constater à quel point elle m'avait fourvoyée à ce sujet.

Un beau matin alors que j'avais fugué la veille, je m'étais séparée de la traîtresse depuis à peine quelques minutes qu'une Ombre se jetai vers moi. Dans la panique mon cerveau me hurlait de fuir, de retrouver celle qui avait promis d'être toujours à mes côtés pour me protéger, mais je ne pus conclure que deux choses. La première était que cette Ombre venait pour moi, moi et moi seule, et la seconde était que cette Ombre m'avait été décrite comme passive par cette traîtresse. La manipulatrice fit son apparition en trop peu de temps pour qu'elle ne soit pas tapie dans l'ombre à attendre, décidant de me défendre dans une machination que je ne voyais désormais que trop. Elle y était allé fort dans sa comédie, allant jusqu'à se laisser blesser pour rendre la scène plus crédible, mais je vis bien vite que le but de la manœuvre n'était pas de me sauver tout de suite. Dans son désir de faire traîner les choses sans doute, elle s'était laissée glisser derrière un surplomb de glace, me laissant seule face à la chose qui voulait ma vie. J'ai honte de le dire, mais j'étais pétrifiée. La seule chose grâce à laquelle je suis encore en vie, c'est l'intervention de Pizou. L'Ombre s'est précipitée vers moi une nouvelle fois après avoir mis de côté son acolyte, serpentant dans ma direction la gueule grande ouverte comme pour me gober. Une tache blanche vint se percuter à elle cependant, lui obligeant un changement de trajectoire et à percuter un arbre derrière moi. La suite fut trop rapide pour mon esprit paniqué, j'ai entendu un bruit horrible, mouillé et cassant à la fois, puis la voix de mon frère en un hurlement, avant de sentir qu'on avait jeté quelque chose derrière moi. Me retourner me parut durer une éternité, et la vision de mon frère allongé derrière moi me hantera sans doute toute ma vie. Son pelage si blanc était teinté de rouge et de noir, ses yeux si bleus étaient couverts d'un voile, et son visage exprimait encore la douleur qui lui avait ôté la vie. Mes larmes ne cessaient de couler, et j'avais beau appeler Pizou, je savais déjà qu'il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Était-ce ça que cette chienne attendait ? Que mon frère meure ? Pourquoi ? Était-il trop fidèle à Gabriëlla à ses yeux ?

Par miracle, notre sainte gardienne est arrivée à temps pour me sauver moi. L'Ombre ne tint pas longtemps face à elle, et j'ose même dire qu'elle avait été surprise par cette intervention divine. La meurtrière ne chercha pas à se montrer à nouveau, son plan avait échoué, du moins en partie. Pizou n'était plus, mais Gabriëlla n'était que légèrement blessée, et moi j'étais toujours là, prête à venger mon frère, prête à apprendre sérieusement aux côtés de celle qui m'avait sauvé la vie. Gabriëlla est toujours froide, mais je comprends désormais que cette froideur je dois me l'approprier. Son rôle est de me protéger, de me former à cette vie dans un monde où les ténèbres et la mort règnent et rient à la face des vivants. Pizou m'a sauvée, mais il était trop faible encore pour continuer avec moi cet enseignement, malgré le fait qu'il l'ait commencé sans moi. Les morts sont morts, la vie appartient aux vivants, je ne dois pas pleurer Pizou, juste le venger. Gabriëlla est désormais à mes côtés constamment, mais je n'ai plus peur d'elle, c'est normal qu'elle soit là, elle veille sur moi, elle est là pour moi. Les leçons de la scélerate me seront utiles en revanche, et ma gardienne m'aide chaque jour à trouver de nouvelles utilisations à ces plantes, dents, os, coquilles et autres joyaux. Mon but est de nettoyer ce monde des Ombres qui l'entachent, et pour ça il me faut des armes. Ces armes, je les créerai moi s'il le faut, qu'elles soient pour la défense ou pour l'attaque, physiques ou magiques, je dois renforcer mon corps et mon esprit, élargir mes connaissances et mes recherches pour détruire ces choses. Mais un jour je serai prête, Gabriëlla nous avait appris que Renarhim était le berceau de ces démons, et c'est certainement aussi le royaume de cette infidèle, pas seulement son « lieu de travail ». Un jour j'irai, et le grand nettoyage pourra enfin commencer.
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MessageSujet: Re: Histoire en 4 points de vue   Histoire en 4 points de vue Icon_minitimeVen 25 Oct - 15:46

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J'ai mal, j'ai froid, si froid. Pourquoi fait-il si noir ? Le soleil aurait dû se lever depuis le temps, et j'ai les yeux ouverts je le sais. Je ne vois rien, je n'entends rien, et j'ai mal, tellement mal. Je ne sens plus mes membres, j'ai l'impression d'avoir été écrasé et déchiré en même temps. Pourtant je suis encore là. Où est la lumière ? Quelle lumière ? La Lumière était censée nous protéger des Ombres. Elle s'était présentée comme telle, comme un ange. Les souvenirs sont douloureux. Si j'avais un cœur j'aurais mal au cœur, si j'avais une tête j'aurais mal à la tête. Mais je n'ai plus ni l'un ni l'autre. Où est mon corps ?! Et où suis-je ? Qui.... suis-je ? Non ! Je ne dois pas me laisser faire. Je ne dois pas disparaître !

Mon nom est Pizou. J'ai une sœur... une sœur.... Youna ! Nous sommes de Ursëals des enfants de ce monde. Des bénis des dieux. La Lumière s'appelait Gabriëlla. Elle nous a élevés à la mort de papa et maman. On devait lui obéir et elle nous protégeait. De quoi ? De qui ? Tout est flou désormais.
Une sœur. Elle avait une sœur. Poil de cendre, robe de cuir, grande faux. Pourquoi est-ce elle qui m’apparaît parfois ? Dans les ténèbres je devrais voir ma sauveuse. Pourquoi est-ce elle ? Gabriëlla.... Gabriëlla.... Gabriëlla n'est plus là. Pourquoi ? Ça fait mal ! Pourquoi ? J'ai peur ! Où suis-je ? Où est-elle ? Où est Youna ? C'est quoi ici ?

Une chaîne s'est enroulée doucement autour de moi, m'empêchant de me perdre plus avant dans des questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Cette chaîne je la connaissait. Je l'avais déjà vue. Cassiopée. C'était la chaîne de la sœur de Gabriëlla. Mais pourquoi était-elle là ? Gabriëlla la décrivait toujours comme une traîtresse, un ange déchu, un monstre, une tueuse. Pourquoi serait-elle gentille soudainement ? Gabriëlla était toujours si vindicative à son sujet. Elle m'a formée pour que je puisse un jour lutter contre elle. M'avait chargé de surveiller les agissements de Youna à ce sujet. Youna qui avait l'air de s'intéresser à cette Lunaris de cendres. Youna avait appris avec elle. Elle avait ramassé des plantes, des choses, et les avait cachées à divers endroits.

Cette chaîne ne me fait pas mal. Elle semble même m'aider à me concentrer mieux, à faire diminuer la douleur. Je ne vois toujours rien cependant, rien d'autre que des flashs de cette robe de cuir et ces yeux d'ambre. Je sens une présence cependant, une présence douce qui n'a rien à voir avec ce que Gabriëlla m'avait décrit. Youna avait peut-être raison finalement. Non ! Gabriëlla a toujours veillé sur nous, pourquoi nous aurait-elle menti ? Ça doit faire partie de mon entraînement. Je ne dois pas céder à cette manipulation. Je dois retrouver Youna. Le soleil doit être haut dans le ciel maintenant. Pourquoi je ne le vois pas ? Youna ! La douleur ! À nouveau j'ai mal, je cherche, j'avais raison. Non j'avais tord. Avais-je tord ? Qui disait vrai ? Qui sont-elles réellement ? Gabriëlla veillait sur nous. Elle veillait toujours. Personne ne pouvait nous approcher sans passer par elle. Personne. Personne ? Pourquoi personne ? Pourquoi nous isoler ? Nous étions bénis oui. Bénis. Toutes les créatures de ce monde ne sont pas touchées par la grâce des dieux. Toutes non, sans doute pas, mais.... nous n'avions le droit de voir personne. Absolument personne. Nous ne pouvions voir que Gabriëlla, n'apprendre que de Gabriëlla, ne faire nos rapports de journée qu'à Gabriëlla. En dehors de ma sœur et de la sienne je ne saurais nommer personne. Personne de vivant du moins. Ma mère, mon père, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Pourquoi sont-ils morts ? Est-ce la faute d'une Ombre ? La faute d'un accident ? Je ne sais pas, Garbriëlla ne nous en a jamais parlé, elle ne voulait pas qu'on en parle. Les morts sont morts, la vie appartient aux vivants. C'était ce qu'elle disait. Ça a sa logique, logique que nous n'avions jamais contesté avec Youna. Jamais nous n'avions mis en cause quoi que ce soit. Jusqu'à ce que....Il avait suffit d'une rencontre au cœur de la nuit. Une rencontre avec cette ange déchue. Gabriëlla était devenue méfiante, Youna était devenue curieuse, moi... moi j'ai sans doute fait une erreur en suivant aveuglément Gabriëlla.

Je ne devrais pas dire ça, mais je sens qu'il y a des choses que j'oublie. Des choses me reviennent, comme ce dernier rapport que j'ai fourni à Gabriëlla. Je me souviens qu'elle n'était pas contente de ce que je lui avais appris. Mais la douleur m'empêche de me souvenir plus. La chaîne ne suffit plus à la réduire, alors je me réfugie entre ces pattes grises qui les tiennent. Cette présence m'apaise plus que celle de mon ange ne l'a jamais faite, et ça me fait peur je dois l'avouer. Mais les souvenirs reviennent doucement entre ces pattes sombres, alors je me love entre elles, je me laisse flotter contre cette créature qu'on m'avait ordonné de fuir. La chaîne se détache de moi au bout d'un moment, mais je n'ai pas plus mal, ces pattes me suffisent désormais. Pourtant les souvenirs ont toujours du mal à revenir. C'est comme si une part de moi ne veut pas se souvenir, comme si elle luttait. Je me souviens d'une nuit où j'ai suivi Gabriëlla, je l'ai entendu parler à quelqu'un, provoquer quelqu'un. Mais si j'essaie de me souvenir plus la douleur revient. Je n'ai pas le droit de douter de Gabriëlla, je lui ai été fidèle pendant ce qui me paraît être une éternité. Et pourtant, je suis dans le noir depuis ce qui me paraît être une éternité aussi. Une lueur dorée m'apparaît soudainement, ce n'est que l’œil de Cassiopée mais cela me donne un peu de force. La douleur est immense mais je me force, ce souvenir doit me revenir, je sens que c'est important, primordial.

Tout est clair à mon esprit maintenant. Je suis mort, j'ai sauvé Youna mais je l'ai payé de ma vie. Gabriëlla nous a trahi. Elle qui parlait de l'importance de la famille, elle qui s'était arrangée pour qu'il n'y ait qu'elle dans notre vie, elle nous avait manipulés. Cette « personne » à qui elle parlait cette nuit là était une Ombre, une âme perdue qui errait près de nos terres, et elle l'avait montée contre Youna. Je ne sais pas ce qui s'est passé exactement mais les faits sont là. Si je n'avais pas été là, Youna serait morte, tuée par ce fantôme enragé. Je laisse encore le bénéfice du doute à Cassiopée, mais Gabriëlla ne trouvera plus grâce à mes yeux. Je ne sais pas trop comment j'ai réussi ce miracle, mais j'ai réussi à communiquer avec la chasseuse, je lui ai raconté ce que je savais. Je resterai avec elle tant que nécessaire, mais je veux savoir ce qu'il adviendra de Youna. Je suis son frère, j'ai juré que je la protégerai contre toute menace qui pourrait la mettre en danger et je compte bien remplir cette promesse. Je resterai donc avec Cassiopée, pour m'assurer qu'elle ne fasse rien à Youna, pour surveiller Gabriëlla tant que possible.
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